Robots et immigration peuvent-ils sauver le marché du travail au Québec?

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Robot et humain qui collaborent

Un Québec en tension : pénurie, immigration et automatisation

« L’automatisation ne remplace pas les gens, elle change ce qu’ils font. »
— Christian Bernard, Sommet sur la main-d’œuvre et l’immigration du CPQ 2025

Le Québec a peur de manquer de bras. Et pendant qu’on discute pour savoir si les robots vont tout faire à notre place, les entreprises cherchent encore quelqu’un pour tourner le tournevis. Entre la pénurie de main-d’œuvre, les programmes de travailleurs temporaires et les promesses de l’intelligence artificielle, la province marche sur un fil tendu entre deux fantasmes : celui du plein emploi sans travailleurs et celui de la machine qui remplace tout.

Les chiffres parlent sans détour : depuis 2024, la croissance démographique du Québec dépend entièrement de l’immigration. L’Institut de la statistique du Québec confirme que l’indice de remplacement — le ratio entre nouveaux entrants et sortants du marché du travail — est sous 1 depuis plus d’une décennie. En clair, on perd plus de travailleurs qu’on en gagne. Le rapport 2025 du CPQ, produit par Aviseo Conseil, ajoute que la croissance de l’emploi dans la dernière décennie est presque exclusivement portée par les immigrants, surtout temporaires. Pendant ce temps, les entreprises jonglent avec les promesses technologiques : automatiser pour gagner du temps, oui ; mais encore faut-il quelqu’un pour programmer, maintenir et superviser les robots.

Christian Bernard, associé chez Aviseo Conseil et ancien de Montréal International, l’a dit avec calme lors du Sommet 2025 : opposer immigration et innovation, c’est une fausse dichotomie. « L’un soutient l’autre. L’immigration répond aux besoins immédiats ; la technologie augmente la productivité à long terme. » Et quand on regarde la réalité terrain, c’est évident : la robotisation n’a pas supprimé les cuisiniers ni les soudeurs ; elle a juste changé leurs outils.

Immigration temporaire : une soupape devenue indispensable

L’immigration temporaire joue ici un rôle de soupape. Les entreprises qui n’arrivent pas à recruter localement n’ont plus vraiment le choix : elles embauchent à l’étranger. Ces travailleurs venus du Mexique, du Maghreb ou des Philippines comblent les trous, souvent dans des postes essentiels mais délaissés. On les imagine provisoires, mais ils deviennent vite indispensables. Pourtant, le Québec transforme moins ces emplois temporaires en statuts permanents que l’Ontario : seulement 31 % des immigrants permanents québécois étaient temporaires au départ, contre 37 % chez le voisin. Résultat : on forme, on intègre, puis on laisse filer des talents qui auraient pu s’enraciner ici.

Robots et talents : des alliés pour la productivité

Pendant ce temps, les robots, eux, ne demandent pas la résidence permanente. Ils s’installent pour rester. Et c’est là que l’ironie pointe : on a peur que les machines volent des emplois, alors qu’elles n’existent que parce qu’il n’y a personne pour les occuper. Le rapport du CPQ le dit sans détour : dans les secteurs les plus automatisés — manufacturier, restauration, commerce de détail — la technologie agit plus comme complément que substitut. L’automate ne remplace pas le travailleur ; il l’aide à tenir le rythme.

Les chercheurs du CIRANO et de l’OCDE abondent : dans les économies vieillissantes, l’automatisation et l’immigration sont des forces jumelles. L’une permet de produire mieux, l’autre de produire encore. Au Québec, où les régions se vident plus vite que les usines ne se remplissent, ces deux leviers deviennent vitaux. Et pourtant, le débat public reste piégé dans un duel inutile : robot contre humain, immigrant contre local.

Si on arrêtait un instant les slogans, on verrait qu’il s’agit surtout d’un problème de planification. Les politiques d’immigration et d’innovation avancent chacune dans leur couloir. Résultat : pendant que le ministère de l’Immigration ajuste ses quotas, le ministère de l’Économie finance des robots sans se demander qui va les opérer. Les entreprises, elles, improvisent : recrutement international, sous-traitance, formation éclair. Certaines ont fini par se tourner vers des plateformes locales spécialisées dans la mise en relation flexible entre talents et besoins ponctuels. Ces solutions, nées ici, allègent la paperasse et accélèrent l’embauche — preuve que l’innovation ne se limite pas aux robots, mais touche aussi la manière de recruter.

Dans le rapport du CPQ, Bernard insiste : il faut « penser la complémentarité plutôt que la substitution ». Ce n’est pas qu’un slogan : les données le prouvent. Les entreprises qui adoptent des technologies tout en recrutant activement des travailleurs étrangers connaissent une productivité supérieure de 12 % en moyenne à celles qui automatisent seules. Pourquoi? Parce que la machine ne pense pas, ne s’adapte pas, ne résout pas les imprévus. Elle exécute. L’humain, lui, improvise.

L’enjeu n’est donc pas de choisir entre robot et travailleur, mais de concevoir un marché du travail où les deux coexistent. C’est d’ailleurs la voie que prennent plusieurs PME québécoises : elles automatisent certaines tâches répétitives tout en réaffectant les employés vers des postes à plus forte valeur ajoutée — supervision, maintenance, programmation. L’automatisation, loin de détruire l’emploi, en change la nature. Et dans un contexte où les baby-boomers quittent le navire, il n’y a pas vraiment de surplus de monde pour s’en plaindre.

Le vrai défi, c’est la vitesse d’adaptation. Nos programmes de formation n’évoluent pas au même rythme que nos machines. Les cégeps peinent à aligner leurs programmes sur les besoins réels des entreprises. Pendant ce temps, les employeurs forment eux-mêmes des travailleurs étrangers qui, faute de statut permanent, finissent parfois par repartir. Une forme de fuite des cerveaux inversée : on exporte des gens qu’on avait déjà ici.

L’autre point aveugle, c’est la région. Le rapport CPQ souligne qu’à mesure qu’on s’éloigne de Montréal, le vieillissement s’accélère et les indices de remplacement chutent. Les entreprises rurales, souvent incapables d’attirer des candidats locaux, comptent presque exclusivement sur l’immigration temporaire. Mais sans accompagnement, ces travailleurs restent isolés, bougent, et les postes redeviennent vacants. Autrement dit, sans politiques coordonnées, on remplace la pénurie par la rotation.

Planifier autrement : former, retenir et mieux coordonner

Alors, que faire? Miser sur la stabilité : encourager la transition vers le statut permanent, simplifier les procédures, lier les programmes d’immigration aux plans régionaux de développement économique, et financer la formation continue. C’est aussi repenser la communication publique : cesser d’opposer productivité et solidarité. L’innovation n’est pas un substitut à la main-d’œuvre ; c’est une réponse à sa rareté.

Christian Bernard l’a résumé en une phrase qui pourrait servir de devise : « Il faut investir à la fois dans le capital humain et dans le capital technologique. » En d’autres mots, ni le robot ni le visa ne suffisent seuls.

Et si on regardait enfin dans la même direction? Les entreprises qui comprendront cette complémentarité tireront un avantage compétitif durable. Les autres continueront à croire que le problème, c’est le voisin. Le futur du travail au Québec ne se joue pas entre l’homme et la machine, mais entre ceux qui refusent d’évoluer et ceux qui savent s’adapter.

Alors, au lieu de demander qui remplacera qui, on ferait mieux de se demander comment travailler ensemble. Parce que l’économie de demain, elle, n’attend pas.

« Et si on apprenait enfin à voir les robots et les immigrants comme des alliés? »

Djob : un partenaire stratégique pour naviguer l’avenir du travail

En fin de compte, la vraie question n’est pas de choisir entre l’immigration ou l’automatisation, mais de savoir comment bâtir des équipes capables de s’adapter à un marché du travail en transformation rapide. C’est exactement la mission de Djob : accompagner les entreprises québécoises dans la recherche de talents qualifiés, locaux ou internationaux, tout en leur offrant des outils flexibles pour répondre à leurs besoins réels.

Si votre organisation fait face à des défis de recrutement, de rotation ou de montée en compétences, Djob peut vous aider à structurer, accélérer et sécuriser vos démarches.

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Nous sommes prêts à travailler avec vous — et à avancer ensemble vers l’avenir du travail au Québec.

Références (APA)

Aviseo Conseil. (2025). Immigration et innovation technologique – Rapport final du CPQ. Conseil du patronat du Québec.

Institut de la statistique du Québec (ISQ). (2024). Indicateurs démographiques et marché du travail au Québec.

Immigration, Réfugiés et Citoyenneté Canada (IRCC). (2024). Tableaux sur la population active et les permis de travail temporaires.

Statistique Canada. (2023). Automation Exposure Index. doi:10.25318/3610054101-eng

OCDE. (2022). Productivity and Migration. doi:10.1787/82c3a4b7-en

CIRANO. (2023). Immigration, innovation et complémentarité économique au Québec.

 

Sébastien Simard

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